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Jina Luciani : sea, mode and sun

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08.30.2024

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La nouvelle présidente du fonds de dotation Maison Mode Méditerranée est une jeune créatrice franco-libanaise. Une histoire de tissages qui racontent un creuset méditerranéen lumineux.


Jina Luciani, présidente du fonds de dotation Maison Mode Méditérannée. Photo Frédéric Lefeuvre L'histoire de Jina Luciani, née Zarif, est celle de nombreux Libanais qui ont quitté leur pays dans les années 1980. La jeune créatrice arrive à Nice à l'âge de 8 ans et se destine à des études scientifiques. « Mais c'était plus fort que moi, j'étais passionnée par les vêtements, je passais mon temps à dessiner des robes. J'étais sensible à la joie que les vêtements peuvent provoquer, notamment pendant les périodes difficiles : en parler offrait une parenthèse pour les femmes pendant la guerre », explique vivement la jeune femme. 


C'est finalement à New York que se rend Jina Luciani pour suivre des cours de design de mode au Fashion Institute of Technology. Elle décide ensuite de se spécialiser en lingerie et en vêtements d'intérieur à Esmod Paris. « Cette formation était passionnante et concernait vraiment l'intimité des femmes. À l'époque, cet univers était peu connu, je suis contente que cela ait évolué », poursuit la spécialiste de mode. En 2008, elle lance sa marque de vêtements, Occidente, qui concerne tout le vestiaire intime féminin. « On propose de la lingerie, armaturée ou non, des hauts, des bas, et du lounge wear, c'est-à-dire des vêtements d'intérieur de détente. On peut dormir avec, mais leur particularité est que si le facteur sonne à la porte, on peut ouvrir ! » La technicité de ce type de vêtement requiert un savoir-faire spécifique. « Il s'agit de travailler le confort, même dans les matières les plus raides comme le chaîne et trame. Nos pièces sont écoresponsables, fabriquées par des femmes, et les matières que nous utilisons sont exclusivement françaises », précise l'entrepreneuse, dont les créations sont disponibles dans des boutiques de lingerie spécialisées de la Côte d'Azur, mais aussi dans les grands magasins parisiens et à l'international. 

Ce défilé immersif a eu lieu dans les thermes du Musée d'archéologie de Nice-Cimiez. Photo Franck Follet 


La collection de cet hiver s'appelait « Chambre avec vue », cet été, c'est un « Bain de lumière » qui est au programme. « On propose des pièces de bain en coton biologique, tissé de manière à sécher rapidement, tout en étant bioresponsable certifié '' gots. On a travaillé sur la lumière avec le cannage, en favorisant les ajourations dans l'enchevêtrement des brindilles de coton », précise-t-elle, avec un souci évident d'allier mode et culture.

 Ainsi, le défilé qu'elle a présenté au mois de juin dernier se tenait au Musée d'archéologie de Nice. « L'événement a eu lieu dans les thermes antiques, on a demandé au public de s'habiller en noir. Puis chaque groupe se déplaçait avec une muse qui portait des pièces de la collection. Elle les emmenait voir différents tableaux. Dans le bassin de l'entrée du musée, une artiste proposait une performance où elle mimait la création d'une femme avec différents outils ; ailleurs, dix mannequins étaient en mouvement dans la piscine, tandis qu'un musicien faisait le son de l'eau grâce à au Cristal Baschet. Au frigidarium, c'est l'éveil des sens qui était suggéré. Autre part, des patronages et des marchandages du futur avaient été imaginés », décrit avec enthousiasme Jina Luciani. À travers ce parcours, toute une réflexion était proposée au public sur l'ampleur du processus de création. 

La mode, une question de culture et de lumière

Également enseignante à l'École de Condé et à l'université d'Aix-Marseille, Jina Luciani est aujourd'hui présidente du fonds de dotation Maison Mode Méditerranée (MMM) qui a ouvert en 1988. Elle a exercé plus de trente ans dans l'événementiel, pour soutenir des créateurs. « En 2016, j'ai été lauréate de la MMM, puis administratrice de l'institution. Ensuite, nous avons décidé, la fondatrice du fonds, l'ancienne présidente Maryline Bellieud-Vigouroux, et moi de transformer la MMM en fonds de dotation, afin de proposer des bourses à nos lauréats. Ce qui prime pour nous, ce sont les valeurs culturelles et patrimoniales, et nous favorisons les moments d'échange et de transmission des savoir-faire », explique-t-elle. Tous les deux ans, sont organisées les « Correspondances », une occasion pour différents créateurs d'échanger avec des experts de la mode dans différents domaines. « En 2023, nous avons pu ouvrir les archives du Mucem et exposer les jeux et costumes d'Azzedine Alaïa ; il y avait aussi des doctorants qui présentaient leurs travaux de recherche. L'idée est que les créateurs venus du monde entier rapportent chez eux ce patrimoine immatériel partagé », affirme la jeune femme, dont les initiatives multiples offrent un réel soutien à des créateurs venus du monde entier, reliés d'une manière ou d'une autre à la Méditerranée. Après avoir participé à l'organisation des ateliers de la galerie 19 M en mai dernier, qui proposaient un espace de dialogue entre les métiers d'art et la scène artistique marseillaise, Julia Luciani est pleinement engagée dans la participation de la MMM au sommet de la francophonie en octobre. « Salim Azzam fait partie des créateurs sélectionnés, son savoir-faire est extraordinaire en broderie. Les compétences artisanales libanaises sont remarquables dans le domaine du textile, du tissage et de la création. Il y a en plus une vision éclairante chez ces créateurs, et une grâce audacieuse », confie la créatrice. 

Modèle de la collection en coton biologique. Photo DR 

Jina Luciani travaille aussi sur un projet d'exposition du travail de Mossi Traoré au Mucem, prévu pour 2026. « Ce créateur français d'origine malienne a fondé une école, Les Ateliers d'Alix, où il recueille des cas sociaux ou des personnes sans ressources à qui il transmet ses techniques créatrices, notamment la méthode de madame Grès et son fameux plissé. Notre objectif commun est de faire avancer la société, avec nos parts de rêve », résume-t-elle d'une voix chantante

 Son autre rêve : créer un centre de recherche à Marseille pour rassembler tous ces savoir-faire répertoriés depuis plus de 30 ans par la MMM. « Nous sommes en discussion avec différents partenaires comme LVMH, mais aussi des institutions culturelles marseillaises, notamment le Mucem, afin de concrétiser ce projet. » Si les projets s'enchaînent en cascade, le fil conducteur est solide, interrogeant les points de contact entre la forme, la matière, la création et l'inspiration. L'ancrage méditerranéen est à la fois territorial et symbolique. « Les créateurs méditerranéens ont à coeur d'expliquer la source de leur inspiration : Cynthia Merhej, avec sa collection '' Renaissance, s'exprime par des formes et des volumes ; Ahmad Amer écrit des messages éclairants, Salim Azzam les brode », conclut-elle joyeusement.

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