Il dessine des maillots pour les clubs : « Le plus gratifiant c'est de voir les gens l'acheter »
Cet habitant de Pecquencourt, qui se fait appeler Soto, dessine depuis trois ans les maillots de clubs comme le RC Lens ou les
Mets en baskets, en France comme à l'étranger. Un métier pour passionnés soucieux du détail.
Pour la Sainte-Barbe, Soto a dessiné le maillot du RC Lens pour le match contre Lyon en décembre dernier. -PHOTO LUDOVIC MAILLARD
Demandez à Soto ce qu'il pense du nouveau maillot de l'équipe de France de Football et il vous livrera une analyse détaillée,
sous toutes les coutures, du vêtement : « Il est inspiré des années 80. Je le trouve trop marqué, il y a trop de bandes. Il y a
également un manque de finition de l'encolure et des manches. En revanche, le coq énorme, très années 70, j'aime bien.
»
Depuis trois ans, Mathieu Soto (un diminutif de son vrai nom qu'il ne souhaite pas communiquer, il ne veut non plus pas
montrer son visage) a acquis une notoriété dans le design de maillot. Il en a réalisé plus de 150 dans quatre pays différents.
Formé à Esmod à Roubaix , puis à Paris, le Pecquencourtois travaille aujourd'hui pour de grandes marques et de grands clubs,
mais aussi des amateurs. Sa dernière réalisation marquante, c'est un maillot du RC Lens (son club) pour la Sainte-Barbe, en
décembre 2023. Pour l'occasion il n'a pas repris les traditionnelles couleurs sang et or (un hommage à l'Espagne), mais le vert
du début (qui était accompagné de noir).
Le maillot s'est très bien vendu, mais il ne touche pas de variable. « Dommage », plaisante celui qui travaille en moyenne 70
heures sur chaque réalisation.
Le designer propose un seul maillot
La plupart du temps ce sont les marques ou les clubs qui le démarchent pour réaliser un visuel de maillot. « On fait un
briefing, on échange beaucoup sur les valeurs du club, l'histoire, etc. De là va sortir un design », explique Soto, qui insiste
sur le temps passé à déterminer ce que chacun ne veut pas. Car ensuite, après avoir présenté le « chemin », validé par le
client, le designer propose un seul maillot, qui est parfois retravaillé légèrement. « C'est une illusion de donner un choix, car
quand on peut choisir on le fait par défaut et ça ne bouge pas après », considère-t-il.
Quand il rembobine le fil (pas si long) de sa vie, Soto se souvient de ses 9 ans, quand il lisait la BD Eric Castel . Après l'avoir
terminée, il décalquait le personnage et changeait son maillot. En 2002, ses facilités en athlétisme et de beaux temps sur 1 500
mètres lui font entrevoir une carrière, mais une blessure au genou anéanti ses rêves. Il entre alors à Esmod et suit une
formation où il travaille uniquement à la main. Quand il pousse la porte de Decathlon, on lui répond qu'il doit maîtriser les
logiciels de création graphique s'il veut entrer. Il se forme donc à Illustrator et Photoshop.
Combien sont-ils, comme lui, d'indépendants à dessiner des maillots ? « En France, très peu. Trois qui bossent régulièrement
comme moi », estime-t-il. Ce qui lui plaît le plus dans son domaine : « C'est d'être toujours challengé . » « Ce qui est le plus
gratifiant, c'est de voir les gens acheter le maillot. De voir leur réaction. »
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